EAS à géométrie variablement privée

L’attention portée récemment aux (dys)fonctionnements d’établissements privés sous contrat a révélé les manquements qui existent quant à l’application des programmes et circulaires au sein de ces établissements alors même qu’ils assurent une délégation de service public. Une des causes de ces accommodations avec les instructions officielles, l’absence de contrôle de l’utilisation des fonds publics par les établissements privés sous contrat. Elle a d’ailleurs été pointée du doigt par la presse dans de nombreux articles. Cette mise en lumière est l’occasion pour le Collectif de montrer que ces coups de canif aux contrats d’association ne sont pas nouveaux et que cela s’inscrit dans un fonctionnement institutionnalisé et systémique. 

Une homophobie et une transphobie cautionnées par le ministère de l’éducation

L’année dernière déjà, le Collectif avait dénoncé la transphobie présente dans les fiches « identité de genre » de l’enseignement catholique. Le ministère n’avait vu alors aucun problème à la diffusion de ces documents (lien vers les fiches).  Aujourd’hui, celles-ci sont utilisées dans tous les réseaux privés sous contrat et servent de base à la pratique pédagogique et éducative dans certaines structures.

Les actualités récentes montrent aussi que, non contents de ne pas appliquer la circulaire de septembre 2021 sur l’accueil des élèves trans, un nombre certain d’établissements sous contrat – dont les professeurs sont rémunérés par l’Etat – ne font pas d’éducation à la sexualité. Sous prétexte du « caractère propre » des établissements confessionnels, leur direction préfère confier cet enseignement à celleux qui assurent l’enseignement pastoral, en le résumant bien trop souvent aux aspects physiologiques et médicaux.

Une éducation à la sexualité laïque et émancipatrice

Que plusieurs systèmes scolaires existent en France ne devrait cependant pas permettre que des enfants grandissent sans une éducation laïque à la sexualité. Nous rappelons que le récent rapport de la Ciivise révèle qu’environ 10 % des enfants sont victimes de violences sexuelles, et que la plupart sont le fait de leur environnement proche. Parler de sexualité ne doit donc pas rester cantonné au giron familial, surtout quand on sait que cette parole n’existe pas dans de nombreuses familles. L’école a donc la responsabilité de palier à cette absence d’éducation à la sexualité et à l’effectivité en informant tous les enfants et en détectant les violences à leur égard.

Pour notre Collectif, l’éducation à la sexualité doit – dans les établissements publics et privés – permettre à chacun·e de s’épanouir tel·le qu’iel est, quel que soit son genre, son sexe, son orientation ou ses convictions religieuses Pour le permettre, l’éducation à la sexualité doit être présente dans chaque classe, et comprendre systématiquement les notions de consentement, de diversité, d’égalité et d’épanouissement.

Ces différents éléments ont été rapportés la semaine dernière lors d’un rendez-vous à la Dilcrah.